Louise Farrenc | biographie

Louise Farrenc

Compositrice, pianiste, pédagogue

Une famille d'artistes

Je nais le 31 mai 1804 à Paris.
Mon père, Jacques-Edme Dumont est sculpteur, a été pensionnaire de l'Académie de France à Rome, et jouit d'une certaine renommée. Il est issu d'une famille où l'on est sculpteur de père en fils depuis Pierre Dumont (1660-1737), membre le l'Académie de Saint-Luc.
Ma mère s'appelle Marie-Elisabeth-Louise Curton, et comme dans la plupart des cas on n'en sait pas plus sur elle.

Ma famille habite au Louvre où étaient logés les artistes attachés à la couronne, privilège instauré par Henri IV. Mais sous Napoléon, les artistes déménagent à la Sorbonne. C'est là que je passe mon enfance, baignée dans une ambiance artistique et une richesse culturelle.

Mon éducation musicale

Je prends mes premières leçons de piano et de solfège avec Mme Soria, amie de la famille, ma marraine et une élève de Clementi (compositeur et pianiste italien).
A l'âge de neuf ans, j'ai déjà la réputation d'être d'une grande habileté au piano.
J'approfondis mes connaissances d'écriture musicale (harmonie, contrepoint) et de composition avec Anton Reicha, compositeur né à Prague et auteur d'ouvrages pédagogiques.
J'ai l'occasion de jouer ou d'accompagner d'autres musiciens au cours des soirées organisées à la Sorbonne.

En 1921, alors que je n'ai que dix-sept ans, j'épouse Aristide Farrenc, second flûtiste du Théâtre Italien et fondateur de sa propre maison d'édition de musique. Il publiera notamment une édition complète des œuvres pour piano de Beethoven ne contenant que les ouvrages originaux.

Compositrice accomplie

Mes premières compositions, réalisées dès mes vingt-et-un ans, sont consacrées au piano et sont essentiellement des variations et des rondos sur des thèmes préexistants. Elles sont éditées par mon mari qui ne cessera de m'encourager m'octroyant un grand talent.
« Je ne crois pas me tromper en assurant qu’elle a réussi comme aucune femme n’a réussi de nos jours. Pendant notre séjour en Angleterre, nous avons placé 4 manuscrits de sa composition à un prix assez convenable ». (Lettre à Johann Nepomuc Hummel, compositeur et pédagogue, 1932).
J'accompagne en effet parfois mon mari dans ces déplacements à l'étranger et c'est pour moi l'occasion de donner des concerts de mes compositions qui sont accueillies avec succès.
Mais c'est avec mon Air russe varié que j'acquière ma réputation de compositrice accomplie, qui fera même écrire à Robert Schumann dans la revue Neue Zeitschrift für Musik : « Si un jeune compositeur me présentait des variations comme celles de Louise Farrenc, je le féliciterais pour les arrangements judicieux, pour les jolies formations dont elles témoignent partout. J’ai appris à temps l’identité de l’auteur ».

En 1826, je donne naissance à une fille, Victorine, qui va se révéler grande pianiste et dont un critique écrira dans la Gazette musicale : « Mademoiselle Farrenc, âgée de 13 ou 14 ans, a dit un quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle de Beethoven avec autant de goût et de style que sa mère en met dans ses compositions ».

En 1838, j'écris Trente études dans les tons majeurs et mineurs qui deviennent un ouvrage pédagogique de référence, recueil qui sera adopté par le Conservatoire en 1845.

En 1840, un concert a lieu au Conservatoire proposant un programme avec Mozart, Haendel, Beethoven. J'y donne une de mes compositions dont Hector Berlioz écrira dans la Revue et gazette musicale du 9 avril : « Madame Farrenc nous a fait connaître une ouverture bien écrite, et instrumentée avec un talent rare chez les femmes ».

J'écris ma première symphonie en 1841, à une époque où peu de compositeurs se consacrent à la musique instrumentale, l'opéra ayant alors les faveurs du public, et elle sera jouée tout d'abord à Bruxelles en 1845 puis à Paris où elle connu à chaque fois un grand succès.
« Ce que je puis affirmer, c'est qu'après avoir produit un tel ouvrage, madame Farrenc a conquis le droit d'être placée au rang des compositeurs les plus distingués de l'époque actuelle ». (François-Joseph Fétis, compositeur et critique musical. Lettre à M. le Directeur de la Gazette musicale, Bruxelles le 11 mars 1845).

Je compose de la musique de chambre, participant ainsi à son développement car elle est presqu'inexistante en France à cette époque, se heurtant à l'immense succès de l'opéra et de l'opéra comique. Et j'y réussis fort bien puisque j'obtiens à deux reprises, en 1861 et 1869, le prix Chartier de l'Académie des Beaux-Arts, destiné à récompenser les meilleures compositions de musique de chambre.

En 1842, je suis nommée professeur de piano au Conservatoire, quarante cinq ans après Hélène de Montgeroult, mais dans la classe des femmes. J'y enseigne pendant trente ans et mène bataille pour avoir un salaire équivalent à celui des hommes, ce que je finirai par obtenir.

Mais le malheur vient me frapper. Ma fille Victorine, pianiste virtuose, engagée dans la composition, promise à un grand avenir, contracte en 1849 une maladie incurable dont elle décédera dix ans plus tard à l'âge de trente trois ans.

A partir de ce moment là, je ne compose plus.

Le trésor des pianistes

Je me consacre avec mon mari à une anthologie de musique Le trésor des pianistes couvrant le répertoire du 16ème siècle au milieu du 19ème siècle dont le premier volume paraît en 1861.
Huit volumes ont déjà été publiés quand mon mari décède en 1865. Je décide de continuer seule l'entreprise et publie encore quinze volumes, redonnant ainsi vie à des œuvres magnifiques tombées dans l'oubli.

Je meurs à Paris le 15 septembre 1875.

Mes œuvres

Variations brillantes pour le piano-forte, sur un thème d'Aristide Farrenc, opus 2
Grandes variations sur l'air Le premier pas, opus 4
Variations pour le piano sur un thème de la Cenerentola de Rossini, opus 5
Variations pour le piano sur l'air O ma tendre musette, opus 6
Air suisse varié pour le piano, opus 7
Trois Rondeaux originaux, opus 8
Rondeau sur un chant d'Il Pirato, opus 9
Variations sur un Rondo du Colporteur d'Onslow, opus 10
Rondeau sur les thèmes d'Euryanthe de Weber, opus 11
Variations sur une Galopade Hongroise, opus 12
Rondeau sur un thème de Zelmira de Carafa, opus 13
Les Italiennes, trois cavatines favorites de Bellini et de Carafa variées, opus 14
Variations sur une cavatine d'Anna Boléna, opus 15
Les Allemands, des mélodies allemandes variées, opus 16
Air russe varié pour le piano, opus 17
La Sylphide, rondo-valse sur un motif de Masini, opus 18
Souvenir des Huguenots, opus 19
Variations pour piano et violon sur un air suisse, opus 20
Jours heureux, quatre petits rondeaux, opus 21
Six fugues, opus 22
1re Ouverture en mi mineur, opus 23
2e Ouverture en mi b majeur, opus 24
Grande Fantaisie et variations pour piano et orchestre ou quintette, sur un thème du comte Gallenberg, opus 25
Trente grandes études pour le piano dans tous les tons, opus 26
Hymne russe varié pour le piano, opus 27
Variations sur un thème allemand, opus 28
Air martial des Capuletti pour piano à quatre mains, à 2 pianos, opus 29
1er Quintette en la mineur pour piano, 2 violons, alto, violoncelle, opus 30
2e Quintette, opus 31
1re Symphonie en do mineur pour grand orchestre, opus 32
1er Trio en mi bémol majeur pour piano, violon et violoncelle, opus 33
2e Trio en ré majeur pour piano, violon et violoncelle , opus 34
2e symphonie en ré majeur, opus 35
3e symphonie en sol mineur, opus 36
1re sonate en do mineur pour violon et piano, opus 37
Nonette en mi bémol majeur pour violon, alto, violoncelle, contrebasse, hautbois, clarinette, cor et basson, opus 38
2e Sonate pour violon et piano, opus 39
Sextuor en do mineur pour clarinette, piano, flûte, hautbois, cor, basson, opus 40
Douze études brillantes pour le piano, opus 41
Vingt études de moyenne difficulté pour le piano, opus 42
Mélodies pour piano, opus 43
Trio en mi bémol majeur pour piano, clarinette et violoncelle, opus 44
Trio en mi mineur pour piano, flûte et violoncelle, opus 45
Sonate en si bémol majeur pour piano, flûte et violoncelle, opus 46
Scherzo pour piano, opus 47
Valse brillante pour piano, opus 48
1er Nocturne pour piano, opus 49

Souvenir d'Orient pour piano (Paris, Frommel)
Grand'mère, première rondelette pour piano
Naples, rondelette pour piano
Troisième rondelette pour piano avec accompagnement de flûte et violon
Trois rondeaux
Pastorale, Savoyard et Valse
Trois airs variés sur des thèmes de Brugnère et de Panseron
Le Berger fidèle, romance
La Tourterelle, romance
Je me taisais, romance
L'École du pianiste (Paris, Leduc)
Méthode de piano (Paris, Bernard de Viguerie)
Clementi, La Babillard, édition corrigée
Traité des abréviations (signes d'agréments) employées par les clavecinistes des XVII et XVIIIe siècles (Paris, Leduc 1895)

Pour en savoir plus