Lucie Bouniol | biographie

Lucie Bouniol

Sculptrice, peintresse

Mon enfance

Je nais Lucette, avant plus tard me faire appeler Lucie, dans une famille très aisée, ma famille habite le château de Giroussens. Famille pour laquelle l'art occupe une place importante. Ainsi dès mon plus jeune âge, je dessine beaucoup, des scènes de la vie quotidienne, de la rue. En fait, je dessine inlassablement, et je continuerais à le faire, ce qui me fera écrire plus tard « Une bonne discipline serait, je crois, de s'astreindre à reproduire un objet quelconque ou un être animé, un animal, tous les jours, ne pas passer un jour sans dessiner de façon objective avec un grand effort de sincérité ; dessiner n'importe quoi mais dessiner, en s'oubliant soi-même complètement, pour s'efforcer de copier, pour l'exercice lui-même ». (Journal, 1928).
C'est par le dessin que je me découvre une vocation pour la sculpture.

La sculpture

Encouragée par mes parents, j'entre à l’âge de 16 ans à l’École des Beaux-Arts de Marseille puis à celle de Paris en 1914.
J'y suis une une formation rigoureuse qui me donne le goût pour la beauté de l'art antique et classique.
Je fréquente aussi l'atelier de la Grande-Chaumière, académie privée fondée par les peintresses Martha Stettler et Alice Dannenberg en 1904, j'y rencontre Antoine Bourdelle qui est mon maître comme l'est également Paul Landowski.
Mes sculptures ont donc plusieurs influences : la grande tradition réaliste du 18ème siècle, l'Art nouveau, l'orientalisme, le renaissance italienne...
A 17 ans, j'ai mon propre atelier rue du Faubourg-Poissonnière où j'exécute des commandes diverses dont certaines sont présentées lors d'expositions.
A l'issue de la guerre de 14-18, je réalise plusieurs monuments aux morts, où je mets en avant, non pas les soldats, mais les femmes désormais face au deuil, comme ceux de Duravel dans le Lot et de Trémont dans la Meuse. La sculpture de Trémont me vaut d'ailleurs un prix au Salon de la société des Artistes français en 1921. J'ai alors 25 ans et la seule femme sculpteur à remporte un prix.
De 1930 à 1935, j'expose dessins et sculptures au Salon d’Automne.
En 1937, je participe à l'Exposition Universelle en érigeant une fontaine réalisée en collaboration avec mon maître Paul Landowski.

Je m'installe alors rue de Beaujolais, avec vue sue les jardins du Palais-Royal. Mon appartement est situé au dessus de celui de Colette, qui devient mon amie.

Pendant la seconde guerre mondiale, je retourne dans ma ville natale où je continue à sculpter et à exposer mes œuvres.
Avec Colette nous échangeons une correspondance et je lui envoie des colis de nourriture

En 1954, je deviens membre du Club international féminin et en suis tout de suite présidente de la section artistique, et ce jusqu'en 1975.Avec le Club, j'organise des expositions au Musée d'Art moderne de Paris, mais aussi dans le monde entier, pour montrer les œuvres réalisées par les femmes, que ce soit des sculptures, des peintures, des tapisseries...

Ma peinture et mes écrits

Parallèlement à mes travaux de sculpture, je dessine et peins beaucoup, des femmes élégantes, des nus féminins, des bouquets de fleurs...
Mes peintures sont influencées par l'école flamande, par Derain, l'un des fondateurs du fauvisme , mais aussi par les peintures préhistoriques.

Outre ma relation épistolaire avec Colette, j'écris un journal et écris plusieurs carnets où je note mes pensées, mes analyses, mes rencontres, mes jugements... certains piquants.
« Et voilà, hélas, l'essence de tout l'Art moderne : parler pour ne rien dire ».
« Manet n'a pas de goût, il n'est pas artiste, il ne cherche pas une réalisation plastique, mais quelle sensibilité dans les couleurs ».
« Les dessins de Blake me font horreur, tout ce qui est anormal, les visionnaires, les compliqués, les près de la folie, m'épouvante. Par contraste, on a exposé en même temps les ravissantes, les poétiques aquarelles de Turner. Quel art ! Et voilà, plus que l'estampe japonaise, l'origine de l'impressionnisme ».