Germaine Chaumel | biographie

Germaine Chaumel

Photographe, reporter

D'abord chanteuse

Je suis née Marie Denjean et suis adoptée en 1918 par une famille d'artistes. Mon père est passionné de peinture, ma mère est pianiste et j'ai un oncle photographe. En 1919, je me marie avec Pierre Grand et j'ai un fils. Je divorce très vite et me remarie en 1923 avec Charles Chaumel avec qui j'aurais une fille.

J'étudie le chant et le piano et deviens en 1925 chanteuse lyrique. Je me produis au Théâtre du Capitole de Toulouse sous le nom d'Any Morgan. J'interprète de nombreux rôles, Marguerite dans Faust, Manon dans les Saltimbanques.. Carrière que j'abandonne en 1933.

Une passion : la photographie

Je me découvre une nouvelle passion, la photographie. Je me forme en autodidacte, en étudiant les travaux de Man Ray et de Brassaï. Mon premier appareil est un Kodak puis je travaille avec un Rolleiflex, fais moi-même mes tirages photographiques et m'inscris au photo-club toulousain en 1930.

En 1935, je fonde avec quelques photographes le Cercle des XII pour nous éloigner d'une photographie que l'on juge trop conservatrice, et j'en suis la secrétaire. Cercle dans lequel je ferais entrer Jean Dieuzaide, qui pourtant ne me consacrera jamais une exposition au Château d'eau de Toulouse, galerie dédiée à la photographie qu'il fonde en 1974.

Je deviens l'une des premières femmes photographe-reporter de France, d'abord pour La Dépêche de Toulouse où ma première photo paraît le 21 octobre 1935. Un an plus tard je publie un cliché par mois et en 1937 ce sont 20 images mensuelles, et je travaille pour d'autres journaux : la Garonne, le New York Times, l'édition toulousaine de Paris-Soir, et suis correspondante pour l' Agence France Presse, Havas...
Mes photos font sensation et les journaux en redemandent. On me confie alors des reportages sur l'actualité sociale et politique de la ville. En mars 1938, je suis à la frontière espagnole où arrivent les premiers réfugiés républicains. Je les suis dans leur périple vers Toulouse. Des images humanistes avant l'heure. La photographie humaniste, si elle apparaît dans les années 30 avec des photos des quartiers populaires de Paris, connaît son essor entre 1945 et 1960.

Je fais partie de la nouvelle vision photographique qui se développe dans l'entre-deux-guerres avec des points de vue inhabituels comme les contre-plongées ou les gros plans.

Je photographie tout : la vie quotidienne, les rencontres sportives, les cérémonies officielles, les grands événements tels que l'arrivée des réfugiés en 1940, la libération de Toulouse en 1944, l'arrivée du Général de Gaulle...
Je photographie même des Allemands quand ils arrivent à Toulouse le 11 novembre 1942 alors qu'il est interdit de photographier l'armée d'occupation.
Je photographie aussi ma ville, Toulouse, de jour comme de nuit à l'instar de Brassaï qui photographie Paris.

Mon mari est fait prisonnier en mai 1940. Pour compenser sa perte de salaire, j'ouvre un studio dans mon appartement. J'installe l'atelier dans le salon et le laboratoire dans la salle de bain. Je fais des photographies pour les cartes d'identité, je reçois la bourgeoisie toulousaine car il est chic d'avoir une photo de moi chez soi, je réalise aussi des photographies de mode et de publicité.
Ma ville est en zone libre et va donc voir défiler de nombreux artistes venus se produire. Je les immortalise sur mes clichés : Maurice Chevalier, Fernandel, Joséphine Baker, Louis Jouvet...

Rien n'échappe à mon regard, je suis un témoin privilégié du Toulouse des années 1935-1950.

Mes photographies sont récompensés par de nombreux prix dans les salons d'art photographique.

Dans les années 50, j'abandonne la photographie, m'installe à Paris et me dédie au dessin de mode et à la confection de chapeaux.