Élisabeth Jacquet de la Guerre | biographie

Élisabeth Jacquet de la Guerre

Compositrice et musicienne

Une musicienne précoce

Je suis née le 17 mars 1665 à Paris, fille de Claude Jacquet et de Anne de la Touche.

Mon père, organiste de l'église de l'Ile-Saint-Louis à Paris, m'initie très tôt au jeu du clavier. Montrant d'étonnantes dispositions à jouer du clavecin, je suis présentée, dès l'âge de cinq ans, à la Cour où je joue devant le roi Louis XIV.
J'entre alors à la Cour sous la tutelle de Madame de Montespan. J'y chante, j'y joue, et me met même à écrire de la musique. J'acquiers déjà une certaine renommée : « Elle chante, à livre ouvert, la musique la plus difficile. Elle l’accompagne, et accompagne les autres qui veulent chanter, avec le clavecin dont elle joue d’une manière qui ne peut être imitée. Elle compose des pièces et les joue sur tous les tons qu’on lui propose. Et cependant elle n’a que dix ans » (Le Mercure Galant).

En 1684, je me marie avec l’organiste Marin de La Guerre et quitte alors Versailles pour m'installer à Paris où je donne des leçons et des concerts.

Une compositrice et une virtuose

A l'âge de 22 ans je fais ma première publication avec mon Premier Livre de Pièces de Clavessin qui fait partie des rares recueils de clavecin publiés en France au XVIIe siècle. Dans ce livre figure aussi la Tocade, francisation de la toccata italienne, pièce unique dans la musique de clavecin française de l’époque. Et les critiques sont élogieuses : « On peut dire que jamais personne de son sexe n'a eu d'aussi grands talents qu'elle pour la composition de la musique et pour la manière admirable dont elle l’exécutait sur le Clavecin et sur l'Orgue ». ( Evrard Titon du Tillet, homme de lettres et chroniqueur).

Je crée, en 1694, une tragédie lyrique Céphale et Procris, première œuvre de ce genre donnée par une femme à l’Académie royale de musique qui ne rencontre malheureusement pas le succès, ce qui me décourage d'en écrire d'autres.

Mais le malheur vient frapper à ma porte. En quelques années, je vois disparaître mon père, ma mère, mon mari, mon frère et mon fils unique âgé de dix ans.

Ce n'est qu'en 1707 que reparaissent des publications qui se succèdent jusqu'en 1711 : des pièces de clavecin, des sonates et des cantates. Je compte ainsi parmi les tous premiers compositeurs de sonates en France aux côtés de François Couperin. Je suis également considérée comme l'une des premières femmes à avoir composé un opéra-ballet.
Mes pièces de clavecin publiées sous le titre Pièces de Clavecin qui peuvent se joüer sur le Viollon constitueraient le premier exemple connu de musique de clavecin accompagnée, précédant de près de quinze ans les Six Suittes de Clavessin de Dieupart. Oeuvres donc prophétiques d’un genre promis à un grand avenir au 18ème siècle.

Une autre originalité : je dédie toutes mes œuvres à Louis XIV. « Quel bonheur pour moi, Sire, si mon dernier travail recevait encore de Votre Majesté ce glorieux accueil dont j’ai joui moi-même presque dès le berceau, car, Sire, permettez-moi de vous le rappeler, vous n’avez pas dédaigné mon enfance : vous preniez plaisir à voir naître un talent que je vous consacrais ; et vous m’honoriez même alors de vos louanges, dont je ne connaissais pas encore tout le prix. Mes faibles talents se sont accrus dans la suite : j’ai tâché, Sire, de mériter de plus en plus votre approbation qui m’a toujours tenu lieu de tout ». 
Seules mes cantates profanes, écrites en 1715, sont dédiées à Maximilien-Emmanuel de Bavière, grand amateur de musique.

Claveciniste, organiste, virtuose, compositrice, improvisatrice, novatrice, je peux être considérée comme l'une des personnalités les plus étonnantes de l'histoire de la musique.

Je meurs le 27 juin 1729.

Après ma mort, Louis XV fait frapper en mon honneur une monnaie.

monnaie effigie élisabeth jacquet de la guerre

Mes œuvres

Pièces de clavecin, 1687
Les jeux à l’honneur de la victoire, ballet (perdu), 1691-92
Céphale et Procris, tragédie lyrique, représenté le 15 mars 1694
Sonates pour violon, viole de gambe, basse continue, 1695
Sonates pour 2 violons, viole de gambe, basse continue, 1695
Pièces de clavecin qui peuvent se jouer sur le violon, 1707
Sonates pour le violon et pour le clavecin, 1707
Cantates françaises, livre 1 (Esther - Le Passage de la mer rouge - Jacob et Rachel - Jonas - Suzanne et les vieillards - Judith), 1708
Cantates françaises, livre 2 (Adam - Le Temple rebâti - Le Déluge - Joseph - Jephté - Samson), 1711
Cantates françaises (Sémélé - L’Île de Délos - Le Sommeil d’Ulysse - Le Raccommodement comique de Pierrot et de Nicole), 1715
Divers airs sérieux et à boire, 1710, 1721, 1724
Te Deum, (perdu), 1721

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